Petite blondinette au coeur détruit, Maé.

Elle tourbillonne pour ne pas pleurer. Elle rit pour ne pas hurler. Elle danse pour oublier. Il la regarde, se demande ce qui lui prend. Mais il ne dit rien, il la laisse faire. Est-elle devenue folle ? Il n’en sait rien. De toute façon, qui pourrait bien l’arrêter ? Personne, pas même lui, pas cette fois. Elle danse pour oublier de vivre, oublier sa mort, sa douleur, sa peur. Elle veut danser pour que ses jambes la lâchent et qu’elle puisse oublier tous ses souvenirs. Elle veut danser pour rejoindre un autre monde, un monde bien plus beau, un monde où tout serait différent. Elle veut juste oublier. Oublier que sa vie est aussi douloureuse, oublier ce qu’elle est devenue, oublier lui, son bourreau.

Un cri qui déchire l’air, un cri de naissance. Voilà comment elle est née. Maélann Dickens. Une famille aimante, un grand frère de trois ans son aîné, une sœur jumelle, une vie heureuse. Elle était aimée, désirée, tout comme sa sœur. A deux ans, elle ne peut que continuer sur cette montée de bonheur. Maélann a tout ce qu’un enfant peut vouloir. Elle est heureuse, elle a une famille, une vie. Tous sont heureux, tous s’imaginent vivre dans un monde où tout est rose, où tous sont vivants et heureux.

Ses bras se lèvent au-dessus de sa tête. Elle ondule au rythme de la musique. Une mélodie qu’elle est la seule à entendre. Son cœur bat la chamade. Il voit sa poitrine qui monte et qui descend de plus en plus vite. Il voit qu’elle est libre, pendant quelques minutes. Il lui accorde ces quelques minutes. Elle sent des ailes, celles de la liberté, lui poussaient dans le dos. Elle sait que ça ne durera pas, mais elle veut en profiter. Son cœur bat vite, mais elle s’en moque. Elle veut tout oublier. Oublier qu’avec elle, tout se fane. Qu’elle n’a aucune attache, car elle détruit tout, entre ses mains délicates.

Maélann n’avait que sept ans, quand tout a dégénéré. Elle avait pris entre ses mains d’enfant, le vase de la grand-mère paternelle. Elle voulait mettre le bouquet qu’elle avait fait pour sa mère, dans l’eau. Malheureusement, le vase lui glissa des mains. Les cris du paternel. Les pleurs de sa mère, qui tentait de calmer son mari. Son frère qui n’était pas à la maison, sa sœur qui était couchée. La douleur dans la joue de Maélann. Son père l’avait frappé, et il continuait. Personne ne l’en empêchait. Même sa mère se détournait, fuyant le regard de sa fille. Une fois qu’il a fini, il se retourna et attrapa une des bouteilles sur le plan de travail. Elles sont partout, depuis trois ans, depuis qu’il a perdu son travail. Et depuis ce jour, les coups ne cessent de tomber, sur son corps d’enfant. Jamais assez fort pour laisser des traces à vie, mais toujours assez pour marquer son esprit.

La musique change, devenant plus rythmée. L’ambiance devient plus électrique, plus oppressante. Il la voit paniquer, mais il ne bouge pas. Il veut qu’elle le remarque, il veut voir la peur dans son regard. Depuis toujours, il est là, à l’observer dans l’ombre. Elle doit rentrer avec lui. Mais elle ne l’a pas encore remarqué, heureusement. Il porte son verre à ses lèvres, sans jamais la quitter du regard. Elle continue de danser, oppressée, mais elle ne s’arrête pas. Elle danse encore et toujours pour oublier, sur un rythme qu’elle seule peut entendre.

Elle l’aime et pense que c’est réciproque. Après tout, elle lui a tout donné, son corps, son cœur, son âme. Elle se voit finir avec lui, vieillir avec lui. Son rêve de petite fille prend enfin vie. Le destin lui sourit. Sa sœur est également amoureuse. Son frère lui, toujours présent pour elles. Son père est parti il y a deux  ans, au soulagement de tous. Mais malheureusement, il n’est pas l’homme qu’il disait être, il n’est pas l’homme que Maé pensait aimer. Il la bat, il la frappe, elle ne dit rien, elle encaisse. Personne ne sait ce qu’elle vit, elle cache tout. Mais elle l’aime malgré tout. Alors elle reçoit les coups, elle pleure silencieusement, et ce, pendant des années. Elle l’aime, elle veut qu’il soit heureux. Et il n’y a que comme ça qu’il est heureux, alors, elle respecte ses besoins de marquer son corps.

Des corps frôlent le sien, et il commence à perdre patience. Elle lui appartient, elle est à lui, seulement à lui. Sa main se serre autour de son verre, ses doigts blanchissent sous la pression. Elle ne l’a toujours pas remarqué, mais il n’en peut plus d’attendre. Il veut la ramener à la maison, là où est sa place. Encore quelques minutes de liberté, il ne lui accordera pas plus. Il lui en a trop accordé, ces dernières semaines.

Tout a changé. Non il ne s’est pas arrêté, loin de là. Mais elle l’aimait toujours autant. Ce qui a changé, c’est le monde. Le virus, les contaminés, le chamboulement dans la vie de chacun. C’est là, qu’en rentrant chez sa sœur jumelle, qu’elle l’a vu se faire tuer. Contaminée. Connerie, foutaise, mensonge. Elle s’est enfuie, avant que quelqu’un puisse la voir. Elle voulait hurler, s’écrouler. Mais elle sait que sa jumelle n’était pas malade. Maélann a couru jusqu’à chez sa mère. Sa mère qui partait avec les Politiciens. Traitrise. Aussi, elle a fait demi-tour, direction chez son frère, les larmes brûlantes coulant le long de ses joues. Mais son appartement était vide. Il était parti, il avait disparu, il l’avait abandonné. Un cri. Le sien. Elle rentre chez elle, et il l’accueille, un sourire mauvais aux lèvres. Elle n’a pas la force aujourd’hui, de se prendre des coups. Aussi, elle attrape le couteau que son frère lui a offert il y a des années, et le menace. Puis elle s’enfuit, elle ne veut plus le voir. Elle est détruite, incapable d’aimer autrement, par sa faute.

Il se lève. Elle a assez dansé, assez évacué. Maintenant, elle doit rentrer avec lui. Il l’aime, il a besoin d’elle. Il ne la frappe pas par envie, quoi que. Mais parce qu’elle le mérite. Son père lui a toujours dit que c’était la seule façon de garder celle qu’il aime. Elle s’arrête de danser et se retourne. Elle le voit. Panique, peur. Les larmes lui montent aux yeux. Mais il s’en moque. Il s’approche, elle est figée sur place. Elle voudrait fuir, mais ses jambes refusent. Peut-être que c’est ainsi, que ses jambes vont la lâcher ?

Elle a rejoint le clan, dans le quartier qu’elle habitait, les Avenge Life. Le discours du nouveau chef, a touché son cœur. Elle ne dit rien, de cherche aucun problème aux autres. Mais elle est d’accord avec leurs idées, plus qu’elle ne pourra jamais le dire. Il faut leur faire payer, par le sang. Sa sœur était innocente !  Sa sœur ne devait pas mourir. Comme elle ne sait pas se battre, même si elle aimerait apprendre, Maé soigne les blessés. Son ancien métier d’infirmière, lui permet d’être utile. Sur elle, elle a toujours le couteau que son frère lui a donné. Elle a peur qu’il revienne, son bourreau et amant. Elle aimerait pouvoir aider plus le clan, mais quand on ne sait pas se battre, comment peut-on aider ? Elle reste à l’arrière, elle est l’ombre d’elle-même. Personne ne la remarque, et ça l’arrange. Elle ne veut pas qu’on lui pose des questions sur les bleus et autres coups, qui marquent son corps. Elle pensait qu’il l’avait oublié, voir qu’il était mort, et c’était un soulagement. Un soulagement ….

… de courte durée. Il l’avait retrouvé. Figée sur place, elle ne sait pas quoi faire. La musique s’est arrêtée. Fuir ou rester ? Elle avale avec difficulté sa salive. Sa main qui glisse sur sa joue, elle frissonne. Désir ou peur ? Personne ne le sait, pas même elle. Sa voix qui emplit son espace personnel. Il veut qu’elle rentre avec lui. Elle ne veut pas. Elle a sa vie au clan. Il ne peut pas avoir changé, elle ne veut pas revivre ces dix dernières années. Alors elle fait la seule chose qui lui traverse l’esprit, surtout maintenant qu’elle sait, qu’il est toujours dans le quartier. Elle court, retournant auprès des autres. Elle entend qu’il la suit, mais elle ne s’en préoccupe pas. Elle veut juste le fuir. Fuir ses coups, fuir ses sentiments, fuir l’homme qu’elle aime toujours malgré tout.

Gutentag, ami du swag!     Moi, c'est Laura mais sur le net, tu me connais plus comme Soso. J'ai 18 ans, et ce que je préfère faire c'est pleins de choses . J'ai lu le règlement, la preuve, j'en ai le code: validé par roro   . J'ai connu le forum grâce à facebook et je le trouve super (la preuve je devais attendre demain pour m'inscrire, mais je n'ai pas réussi à résister   )!